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Philmy marche dans ses traces
6 novembre 2010

Au moment ou nous cessons de lutter l’un pour l’autre, c’est le signe infaillible que nous perdons notre humanité.

Depuis trois ans que je viens au Népal je suis malade de voir tous ces gamins accros à la colle, trainer les rues en guenilles, mendier et dormir sur les trottoirs. Je suis surtout attristé de ne rien pouvoir y faire. Quelques grosses ONG essayent de les aider, mais avec peu de résultats positifs.  Comme j’habite le même quartier depuis deux ans, ce sont les mêmes gamins que je croise, que je vois se dégrader et pour qui je ne peux rien faire.

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Susan, 11 ans n’est là que depuis cette année, mais déjà la colle à fait des dégâts et il n’a plus la volonté de s’en sortir. Dans son petit sac bleu et blanc, de la colle achetée quelques centimes aux cordonniers dans la rue.

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Puis dimanche soir la rencontre. Pas celle de Tryo comme j’essayais de vous le faire croire hier, mais deux p’tits bonhommes qui sont venus doucement s’intégrer à notre groupe. Intrigués par cet étranger entouré d’enfants et attirés par nos sachets pique-niques ils sont venus s’installer à coté de nous. Les pique-niques étaient trop copieux, les enfants leur ont offerts la fin de leurs biscuits. Ils ne sentaient pas la glue, n’insistaient pas lourdement pour obtenir quelque chose de moi et sont restés les trois heures du concert accrochés à mon bras. Grâce à la traduction de Mukesh j’ai su qu’ils dormaient à la rue, qu’ils s’appelaient Suresh et Dipak et qu’ils avaient 11 et 9 ans. Habituellement, les enfants des rues décrochent après cinq minutes pour aller voir un autre touriste. Nous les avons quittés vers 20H30, en leur promettant que je reviendrai le lendemain pour leur offrir un dhal bhat et leur apporter des vêtements. C’est la première fois que je rencontrais des enfants à la rue, qui n’étaient pas encore rentrés dans une bande et ne sniffaient pas de colle.

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Le lendemain comme promis, je leur ai offert un dhal bhat. Woïba, 9 ans a profité de l’aubaine pour se joindre à notre petit groupe.

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Après la séance d’essayage dans le restaurant

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Nous avons discuté de leur situation grâce à un commerçant népalais qui m’a servit d’interprète. Dipak à gauche est un Magar, il vient d’un village à l’est de la vallée de Katmandou, ses parents sont morts et personne au village ne peut s’occuper de lui. Suresh, habitait avec sa mère et son beau père qui lui cognait dessus et l’a mis à la porte. Il est revenu chez son père alcoolique qui lui tape dessus. Il passe ses journées à trainer dans la rue et rentre quelque fois chez lui pour dormir. Woïba a des parents qui vivent à Patan mais qui se battent toujours. Il venait passer ses journées à Durbar square et maintenant qu’il a rencontré Dipak il dort avec lui sur les marches d’un temple. Ces enfants ne sont là que depuis quelques mois, ils sont en bonne santé mais d’ici peu ils risquent de tomber sous l’influence de plus grands (voir d’adultes) qui les utiliseront pour mendier et les entraineront dans la spirale de la colle.

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Une fois leurs habits neufs sur le dos ils ont voulu aller laver leurs anciens vêtements.

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Et en ont profité pour se laver.

L’idée de les sortir de la rue trottait évidemment dans ma tête. Pour cela il fallait trouver un endroit pour les héberger et d’abord m’assurer qu’ils dormaient bien à la rue.

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Je suis revenu le soir même à Patan, j’ai croisé Dipak et Woïba vers 21H00 cherchant de quoi manger dans les poubelles déposées dans la rue par les commerçants. Je leur ai offert des oranges et des gâteaux. Ils se sont alors dirigés vers leur refuge.

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Deux sacs plastiques sous les arcades d’un temple au cœur de Durbar square.

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Après leur pique-nique nocturne ils se sont couchés à même la pierre avec un grand sourire en guise de bonne nuit. Je leur ai donné rendez-vous le surlendemain matin pour un dhal bhat. Drôle de sentiments dans le taxi du retour de laisser deux gamins dormir dans la rue et le froid et de retourner au chaud dans son hôtel.

Le lendemain je contacte Amrit, le fondateur d’une petite maison d’enfants à quelques centaines de mètres de Durbar square. J’avais croisé une touriste française l’année dernière qui avait vécu quelques jours dans cette maison et m’en avait parlé avec beaucoup d’enthousiasme. Après la visite de la maison je lui propose de passer le lendemain après-midi avec les enfants pour leur faire découvrir les lieus.

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Mercredi matin, j’emmène Rakesh et Ajay avec moi. Ils me serviront de traducteurs et ils rassureront les enfants sur mes bonnes intentions et sur la confiance qu’ils peuvent m’accorder. Nous commençons la journée comme lundi matin par un petit déjeuner copieux.

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Puis les enfants repartent au bassin pour la lessive et la toilette. Quand les enfants ont appris que j’emmenais Rakesh et Mukesh au zoo ils m’ont demandé s’ils pouvaient nous accompagner. (c'était le but de cette expédition)

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Toute la petite troupe a donc passé deux heures au zoo

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Puis dans le parc de jeux attenant

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Sur le chemin du retour je leur propose de passer prendre un thé et manger des biscuits chez mon ami Amrit. La maison est vide, mais ils comprennent de suite qu’ils sont dans une maison d’enfants. Ils marquent un temps d’hésitations mais nous suivent quand même. Dans la salle de jeu ils trouvent tout de suite leurs marques. Si j’ajoute à cela qu’ils ont des notions d’anglais, qu’ils savent lire et connaissent jésus christ (il y a une croix dans la salle de jeu) un doute s’éveille en moi. Ces enfants sont déjà passés par une maison d’enfant ou une école privée !!!! Mais ils n’en parlent pas dans leur CV.

Après le thé je les ramène à Durbar square. Ils me demandent si je reviens et je leur dit que je viens le lendemain soir manger le Dhal bhat chez Amrit, qu’ils sont les bienvenus mais que je dors là et que je ne pourrai pas les ramener à Durbar square. Ils sont d’accord pour m'accompagner mais veulent repartir le lendemain matin.

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Jeudi soir, film vidéo avec les enfants de la maison.

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Puis dessin et lecture.

Dipak est régulièrement sorti dans la cour pour me dire qu’aprés le Dhal bhat il repartait dormir à Durbar square. Je lui ai montré que la porte était ouverte mais que je restais là et ne le raccompagnerai pas. Ses copains se posaient moins de questions et semblaient satisfaits de dormir au chaud. Après le repas ils n’ont pas voulu dormir à l’étage dans la chambre des garçons. Je les ai donc installés dans le lit prévu pour les visiteurs. Et me suis installé sur un tapis de sol à coté d’eux.

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Dipak a eu du mal à trouver le sommeil, même avec son copain Teddy bear.

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Ils dorment au chaud, à l’abri et avec le ventre plein, mais ce n’est qu’une première étape.

Le lendemain je suis parti vers neuf heures avant le Dhal bhat matinal. Ils n’ont pas voulu rester sans moi. La promesse d’un bon repas n’était pas suffisante pour les motiver à rester. Dipak m’a expliqué qu’il partait parce que les hommes Népalais tapaient les enfants.

Dipak veut aller à l’école. Je lui explique que c’est impossible tant qu’il dormira à la rue. Il me promet qu’ils iront le soir même manger et dormir chez Amrit. J’ai appelé hier soir ils n’y étaient pas. Je n’abandonne pas la partie et j’y retourne dimanche matin.

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Philmy marche dans ses traces
  • Pour la troisiéme année je pars en voyage pour six mois ou plus. J'ai maintenant des amis, des projets et des petits coins de paradis qui m'attendent, alors c'est encore vers au Népal que je vais atterrir le 13 septembre.
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